Le programme routier RD4d (route départementale n°4 déviée) contourne l'agglomération marseillaise, en milieu peri-urbain, mais sans rejoindre les deux autoroutes (est et nord). C'est la troisième rocade de Marseille. (voir l'Historique)
La mise en chantier de ce projet démarre par sa partie centrale: La LiNEA.
La LiNEA (Liaison au Nord-Est de l'Agglomération marseillaise) traverse les quartiers nord de Marseille (13° et 14° arrondissement) et les communes avoisinantes d'Allauch et de Plan de Cuques.
Une enquête publique a eu lieu du 19 janvier au 27 février 2015 pour l'établissement d'une DUP (Déclaration d’Utilité Publique).
Objectifs et enjeux annoncés :
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lier les quartiers périphériques en complétant et équilibrant l’ossature viaire existante,
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desservir les pôles attractifs, existants ou en développement,
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soulager le réseau existant, notamment les radiales convergeant vers Marseille, en répartissant le trafic,
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améliorer la qualité de vie dans les noyaux villageois (délestage du trafic de transit passant par la RD4a etla RD44f),
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proposer des déplacements multimodaux.
Lors de l'enquête publique LiNEA, les seuls arguments avancés par le Conseil Général pour justifier l’utilité publique sont le désengorgement du trafic routier et la possibilité de mettre en place des transports en commun en site propre. Ces justifications nous paraissent insuffisantes au regard des études de déplacements et des besoins réels des usagers et des riverains, d'autant plus qu'aucun mode de transport en commun n'est envisagé. En outre, le gain de temps, de quelques minutes, est dérisoire et ne peut justifier à lui seul la réalisation d’un projet d’aménagement aux coûts et aux impacts si élevés.
On peut de plus s'étonner :
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des propos publics (France3 Marseille du 20 février 2015, pendant l'enquête publique) de M. SPAGNULLO, Directeur de routes au CG13, qui récuse le but de désengorgement du réseau existant,
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du projet routier U370 de MPM (RAA MPM VOI 007-1074/15/BC du 22 juillet 2015) pour contourner le noyau villageois de Chateau Gombert, en totale contradiction avec la LiNEA, et donc de nature à désavouer son "utilité publique";
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du silence assourdissant de certaines associations comme FNE, EELV ...
Par contre, les impacts environnementaux et humains seront considérables :
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la pollution des eaux, avec des mesures proposées insuffisantes et inadaptées,
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la destruction d'espèces animales et végétales protégées et communes, avec des mesures de compensation quasi-inexistantes,
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la consommation des terres agricoles et fertiles,
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la pollution de l'air, dans une zone déjà affectée, avec ses répercussions sur la santé et le climat et le coût de leur prise en charge
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les nuisances sonores, sans mesure préventive,
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l'insécurité routière, notamment à proximité d'établissements sensibles,
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l'aggravation des risques d'inondations, d'effondrement et de mouvements de terrains, ainsi que des risques liés au transport de matières dangereuses,
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le coût pour la collectivité...
Juridiquement, il existe de graves manquements au dossier, tels que l'absence de dérogations et d'autorisations, mais aussi l'incompatibilité du projet avec les documents d'urbanisme et de planification (PLU, SCOT et SDAGE).
L'étude d'impacts ne porte que sur la LINEA, partie centrale du projet RD4d. Le volet obligatoire "Effets cumulés avec d'autres projets" (Pièce C2 - IV - pages 255 et suivantes) ne retient que 4 projets (L2, ZAC des hauts de Sainte Marthe, ZAC de Chateau Gombert et BHNS).
In fine, les impacts de l'ensemble de la RD4d/U4d ne sont jamais pris en compte correctement (notamment au titre de la Loi sur l'Eau)!
On a longtemps considéré que les oppositions locales à certains aménagements publics relevaient de la défense d’intérêts particuliers, venant de personnes qui refusaient de faire des compromis pour le bien commun. Certains mouvements de contestation montrent que la démarche va plus loin. La construction d’infrastructures au financement et impacts très conséquents pour l'ensemble d'une communauté, ne répond pas efficacement à un besoin exprimé par les populations concernées. Ni aux nécessités de changer les comportements.
C’est désormais toute la notion d’intérêt général ou d'utilité publique qui est questionnée.