L’urbanisation et la consommation d'espaces
un équilibre complexe
L’étalement urbain et la consommation d’espace résultent de plusieurs causes cumulatives. En réalité, le véritable problème est plutôt de définir un équilibre entre consommation de l’espace et population à loger, acceptable au regard de l’objectif de développement durable (mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs) et de qualité de vie.
L’obsession de la densité ne doit pas effacer les aspects positifs des différentes formes urbaines. De fait, un tissu urbain plus aéré et plus vert est absolument nécessaire à la qualité de vie en milieu urbain et périurbain. La recherche de densité doit rester compatible avec le maintien d’espaces verts.
Il est donc indispensable de réfléchir en termes d’organisation de l’espace (répartition de l’habitat, des activités et des équipements), valeur environnementale et paysagère et en termes de partage social, et non en termes de spéculation immobilière.
L'étalement urbain aboutit à :
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un allongement des déplacements au quotidien, donc à une hausse des émissions de gaz à effet de serre,
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une diminution et un mitage des espaces naturels et agricoles
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l’irréversibilité quasi systématique de l’imperméabilisation des sols.
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la spéculation foncière
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renforcer les phénomènes de division sociale
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augmenter le coût des infrastructures nécessaires au développement et à l’entretien d’une nouvelle zone urbanisée
Sur le site gouvernemental du développement durable, on peut lire : « Le terme de densité urbaine évoque par ailleurs assez systématiquement les grands ensembles construits dans les années 1970 à la périphérie des grandes agglomérations françaises. En réalité, ce type d’habitat, qui a émergé principalement pour des raisons de coût et de rapidité de la construction, est un des moins denses qui soit, faisant à peine mieux que certaines banlieues pavillonnaires. A l’opposé du spectre vient l’habitat haussmanien, extrêmement dense et pourtant très bien accepté ! C’est sur cette différence entre densité perçue et densité réelle que les urbanistes et architectes travaillent désormais afin de dessiner de nouveaux quartiers économes en consommation d’espace tout en restant vivables en termes de densité. »
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renforce les obligations des SCoT et des PLU en matière d’analyse de la consommation d’espaces naturels ou agricoles (Cette analyse porte aussi sur la consommation antérieure, donc sur les « dix années précédant l’approbation du plan ou depuis la dernière révision du document d’urbanisme)
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prévoit que les SCoT et les PLU devront intégrer une analyse des capacités de densification
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renforce l’encadrement de l’ouverture à l’urbanisation des zones AU ( c'est-à-dire des zones définies par l’article R.123-6 du code de l’urbanisme dans les termes suivants : « Lorsque les voies publiques et les réseaux d'eau, d'électricité et, le cas échéant, d'assainissement existant à la périphérie immédiate d'une zone AU n'ont pas une capacité suffisante pour desservir les constructions à implanter dans l'ensemble de cette zone, son ouverture à l'urbanisation peut être subordonnée à une modification ou à une révision du plan local d'urbanisme ».
Pour l’ouverture à l’urbanisation d’une zone, le PLU devra faire l’objet, :
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d’une modification avec délibération motivée
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d’une révision pour les zones de plus de neuf ans
Le PLU de Marseille fera l'objet d'une modification en septembre 2015.
À noter que le Plan Local d'Urbanisme ne peut pas faire l'objet d'une modification ou d'une révision portant sur les dispositions faisant l'objet de la mise en compatibilité entre l'ouverture de l'enquête publique etl'adoption de la déclaration d'utilité publique.
Les principaux outils actuellement disponibles visent à prendre en compte les territoires dans leur globalité tels que :
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les agendas 21, qui permettent aux collectivités locales de faire reconnaître leurs stratégies d’aménagement comme durables notamment en termes de gestion économe de l’espace, ainsi que les conventions des maires ;
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les documents d’urbanisme (notamment les schémas de cohérence territoriale et les plans locaux d’urbanisme),
Malheureusement, dans l'agglomération marseillaise, l'Agenda 21 peine à voir le jour:
http://www.agenda21france.org/agenda-21-de-territoire/fiche.html?r_id=1203&list
https://www.cg13.fr/le-13-en-action/environnement/les-dispositifs/agenda-21/
La LINEA et la RD4d
De nouvelles zones d’urbanisation émergent nettement, le long des infrastructures de transport. La construction d’une nouvelle voie s’accompagne, en effet, toujours de nouvelles implantations urbaines à proximité.
Ce projet routier, non justifié par une augmentation de la population (en baisse dans l’agglomération marseillaise) mais desservant des zones périurbaines peu urbanisées comme à Allauch, favorisera malheureusement un étalement urbain accompagné d'une valorisation foncière certaine, incompatible avec la mixité sociale recherchée (phénomène communément appelé « NIMBY » pour « not in my back yard »).
Comme l'affirme le CG13: Le projet entraîne par effet indirect la desserte de nouveaux secteurs et donc par effet d’entraînement une possible densification de l’urbanisation des quartiers proches.
Dans le dossier d'enquête publique pour la mise en compatibilité des documents d'urbanisme, il est important de noter plusieurs points:
Pour Marseille
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Le projet n’est pas explicitement autorisé par le règlement de la zone AU du PLU de Marseille. Il convient donc d’autoriser explicitement les travaux nécessaires à la construction et à l’exploitation du projet LiNEA. Cela fera l'objet d'ne mise en compatibilité du règlement de la zone AU nécessaire pour autoriser explicitement le projet.
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Présence de zones AU en grand nombre entre la LINEA et Chateau Gombert. La LINEA est de nature à favoriser intentionnellement l'ouverture de ces zones à l'urbanisation.
Pour Allauch
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Le projet n'est pas compatible avec le règlement de la zone AU4 (zone à urbaniser à vocation de loisirs et de tourisme), car le projet dans ce secteur nécessite des terrassements non compatibles avec le règlement de la zone. Celui-ci fera l’objet d’une mise en compatibilité pour autoriser les affouillements nécessaires au projet.
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Le projet n'est pas compatible avec le règlement de la zone A1 (zone agricole de plaine et zone agricole dédiée à la mise en valeur du patrimoine agricole) qui autorise les constructions et installations nécessaires aux services publics ou d’intérêt collectif à condition que leur localisation dans la zone soit imposée par leur fonctionnement.
Le fonctionnement de la LINEA n'impose pas qu'elle soit en zone agricole !
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Le projet n'est pas compatible avec le règlement de la zone N (zone naturelle et forestière), qui autorise les constructions et installations nécessaires aux services publics ou d’intérêt collectif à condition que leur localisation dans la zone soit imposée par leur fonctionnement.
Le fonctionnement de la LINEA n'impose pas qu'elle soit en zone naturelle !
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Le projet n'est pas compatible avec la règlementation du PPR (zone rouge de forte exposition et zone bleue d’aléa faible), qui autorise dans la zone rouge, la plus contraignante, les travaux d’infrastructures nécessaires au fonctionnement des services publics.
La LINEA n'est pas une infrastructure nécessaire au fonctionnement des services publiques !
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Le projet n'est pas compatible avec le règlement des secteurs de risque d’inondation soumis à un aléa fort, qui interdit les travaux conduisant pas à une augmentation possible de la population soumise au risque ou à la création de nouveaux risques en particulier par l’augmentation de l’emprise au sol.
La LINEA traverse un secteur soumis aux inondations niveau aléa fort (quartier de la Pounche) et augmente cet aléa !
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Présence de zones AU en grand nombre autour de l'avenue de Provence (zone d'exploitation agricole) : La LINEA est de nature à favoriser intentionnellement l'ouverture de ces zones à l'urbanisation;
Un article intéressant de Reporterre : La France bétonne autour de ses centres urbains et des axes de communication