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Pollution de l'air et projets routiers

Les liaisons dangeureuses

La convention d’Aarhus du 25 juin 1998 sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement, reconnait dans son préambule « qu’une protection adéquate  de  l'environnement  est  essentielle au  bien -être  de  l'homme  ainsi  qu'à  la jouissance  des  droits  fondamentaux,  y  compris  du  droit  à  la  vie  lui-même » et  que « chacun a le droit de vivre dans un environnement propre à assurer sa santé et son bien-être  et  le  devoir,  tant  individuellement  qu'en association  avec  d'autres,  de protéger  et  d'améliorer  l'environnement  dans  l'intérêt  des  générations  présentes  et futures».

Le contexte règlementaire

 

La définition la plus courante de la pollution atmosphérique est celle proposée par la loi sur l'air (30/12/1996 Livre II, Titre II du code de l'environnement) : “L'introduction par l'Homme directement ou indirectement, dans l'atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives”.

 

On distingue :

  • la pollution « de fond », c'est-à-dire le niveau d’ambiance générale d’une zone, comme l’ensemble de l’agglomération marseillaise,

  • la pollution « de proximité », qu’on retrouve à proximité directe des principales sources de pollution et qui est ici « de trafic », puisqu’on parle d’une situation proche d’un axe de circulation. C’est dans ce type d’environnement que nous sommes soumis aux niveaux les plus élevés de pollution. La plupart du temps, nous y sommes soumis durant un temps relativement réduit (le temps d’un trajet en voiture, par exemple), mais les expositions peuvent être beaucoup plus longues, dans le cas de personnes habitant en proximité directe d’une source polluante.

 

 

Le Plan Régional Santé Environnement (PRSE PACA) identifie 3 enjeux : Eau, Air et Connaissances. L’enjeu Air, enjeu sanitaire très important, concerne la réduction et le contrôle des expositions à la pollution atmosphérique ayant un impact sur la santé.

 

Le Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) est un plan d’actions qui a pour unique objectif de réduire les émissions de polluants atmosphériques et de maintenir ou ramener dans la zone du PPA concerné les concentrations en polluants à des niveaux inférieurs aux normes fixées à l’article R. 221-1 du code de l’environnement. Il est donc est établi pour répondre à une problématique sanitaire de qualité de l’air, majoritairement régie par la présence des polluants dont la surveillance est réglementée : NO2, PM, SO2, CO, O3, métaux et benzène.

En effet, une qualité de l’air dégradée est associée à la surreprésentation de diverses pathologies : irritations, rhino-pharyngées et oculaires, toux, dégradation de la fonction ventilatoire, hypersécrétion bronchique, augmentation de la résistance pulmonaire, déclenchement de crises d’asthme, effets sur le système cardio-vasculaire…. La dernière révision du PPA date de mai 2013. (Sa révision a fait l'objet d'une enquête publique: l'un des commissaire enquêteur, M. JC COSTA (voir le rapport de la Commission d'enquête sur PPA) a par la suite fait partie de la commission d'enquête dur la LINEA)

 

 

Les contentieux européens

 

1. Pour les oxydes d'azote (NOx)

Alors que les Etats membres doivent respecter des seuils de polluants atmosphériques, un rapport de l'Agence européenne de l'environnement démontre une nouvelle fois que ce n'est pas le cas. La directive NEC (Directive 2001/81/EC) fixe quatre "plafonds" : dioxyde de soufre (SO2), oxydes d'azote (NOx), ammoniac (NH3) et composés organiques volatiles non méthaniques (COVNM). La situation est surtout critique sur le polluant NOx. La France, dépasse les seuils tous les ans depuis 2010. Le transport routier en est la principale cause.

 

2. Pour les PM10

La Commission européenne a demandé à la France de respecter la législation de l'UE exigeant que les États membres limitent l'exposition de leurs citoyens aux particules fines (PM10) en définissant des valeurs limites spécifiques à ne pas dépasser. Ces minuscules particules proviennent des émissions imputables à l'industrie, à la circulation routière et au chauffage domestique et peuvent provoquer de l'asthme, des problèmes cardiovasculaires, des cancers du poumon, et entraîner une mort prématurée. Les chiffres des autorités françaises les plus récents montrent que le problème de pollution de l'air persiste et que les limites maximales journalières pour ces particules sont dépassées dans 10 zones dont Marseille. La Commission considère que la France n’a pas adopté les mesures qui auraient dû être appliquées depuis 2005 pour protéger la santé de ses citoyens, et elle lui demande de prendre des mesures ambitieuses, rapides et efficaces afin que la période de non-conformité soit la plus courte possible. 

 

Pour suivre : http://ec.europa.eu/environment/air/quality/legislation/time_extensions.htm

 

Il existe sur ce thème un enjeu de santé publique mais aussi un enjeu financier puisqu'il est l'objet d'un contentieux porté par la commission européenne à l'encontre de la France.

 

Le 22/04/2015, la commission parlementaire ITRE a déposé un avis sur la réduction des émissions nationales de certains polluants atmosphériques et modifiant la directive 2003/35/CE. Le rapporteur note la nécessité de:

  • mieux réglementer et de mieux surveiller ces émissions, en particulier au niveau local, en perfectionnant les méthodes de mesure;

  • tenir compte des émissions de toutes les particules, notamment desémissions de particules d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, et en particulier desparticules les plus dangereuses pour la santé humaine et le climat, dont les diamètres semesurent à l’échelle nanométrique;

  • tenir compte des hydrocarbures aromatiques chlorés, autrement dit des dioxines

  • tenir compte des émissions "faibles" saisonnières; des émissions d'H2S ...

  • les secteurs de l'aviation et du transport maritime, ne devraient pas être exemptés de l’obligation de réduction des émissions.

  • les pays ne devraient pas être en mesure de recourir à des facilités pour ajuster leurs inventaires d'émissions.

La surveillance

 

En France, la surveillance de la qualité de l’air est mise en œuvre par des associations agréées par l’État (les AASQA) regroupées au niveau national au sein de la Fédération ATMO.

AirPACA assure la surveillance de la qualité de l'air de la Région Provence Alpes Côte d'Azur. Ses missions consistent à : Surveiller, Prévoir la qualité de l'air et anticiper les pics de pollution, Informer au quotidien et en cas d'épisodes de pollution, Comprendre et Aider à la décision.

 

L’autorité Environnementale avait déjà épinglé la collectivité lors de l’élaboration du PDU de MPM 2013-2023 : « Les indicateurs de suivi […] visent notamment à rendre compte des polluants caractéristiques de la pollution routière et les émissions de GES du secteur des transports […] Un des enjeux essentiel est de vérifier la bonne atteinte des objectifs chiffrés du PDU en terme d'amélioration de la répartition modale puisqu'il s'agit là de son levier le plus significatif pour l'amélioration de l'environnement. Aucun dispositif de mesure ni de suivi sur ce thème n'est proposé […] Les indicateurs sur la consommation d'espace et la biodiversité renvoient aux études d'impact ultérieures qui seront réalisées projet par projet. Ces études d'impact ne sauraient remplacer une évaluation des effets cumulés du PDU sur ces thèmes de l'environnement. Le PDU dans son dispositif de suivi devra donc introduire les outils nécessaires pour l'appréciation de ces incidences globales. »

 

Il s'agit bien aujourd'hui de prendre en considération toutes les facettes de la pollution de l'air pour assurer une mise en cohérence des actions destinées à atteindre l'objectif d'un air qui ne nuise ni à la santé ni à l'environnement. Mais cet objectif nécessite des moyens et une volonté réelle … et des contrôles a posteriori.

 

L'effet LINEA

 

Le recours quasi-exclusif à la voiture dans des corridors étroits et très urbanisés, auquel s’ajoute le trafic des poids lourds, entraîne des phénomènes de pollution qui génèrent, à leur tour, de graves conséquences sanitaires.
 

Etat initial

Les campagnes de mesures (en N02 et en benzène, traceurs de la pollution routière) montrent la disparité des secteurs traversés par le projet et les dépassements des valeurs en plusieurs points.

 

Impacts

 

Les estimations (comparaison des deux scénarios 2038 sans et avec projet) montrent que :

  • les concentrations  de Benzène et Nox seront sensiblement plus importantes à proximité du projet LiNEA,

  • les concentrations de Benzène et Nox seront équivalentes ou moins importantes dans la majeure partie du domaine d’étude.

  • Pour les autres polluants, les estimations montrent que globalement les émissions de la majorité des polluants diminuent (Ces améliorations sont dues aux progrès technologiques attendus sur les moteurs et au renouvellement du parc automobile européen)

  • L'IPP (Indice Pollution Population) augmentera de plus de 10% à proximité immédiate du projet en raison de la création de trafic sur une voirie nouvelle (+9%).

  • L'excès de risques individuel total, au niveau du point de retombées maximal lié aux tronçons routiers pris en compte à l'état futur incluant le projet LINEA peut être considéré comme faible mais non négligeable. (Etude d'impact - SETEC Kallies p115)


Ommissions - Minimisation

 

  • Les émissions de baryum, arsenic et mercure, recommandées dans le cadre d’études d’impact d’infrastructures routières d’après la circulaire interministérielle du 25 février 2005, sont uniquement liées à l’usure des voitures ou des équipements routiers. Ces émissions ne sont pas prises en compte par le logiciel de modélisation COPERT 4 et n’ont donc pas été considérées dans cette étude.

 

  • Dans l’étude d’impact du projet LiNEA, tous les polluants à recenser obligatoirement par le CG13 ne l’ont donc pas été, particulièrement l'ozone qui n’a fait l’objet d’aucune modélisation, mais aussi le dioxyde de soufre et certains métaux lourds (dont la toxicité se développe par bioaccumulation). Quoi qu'affirme le CG13, le projet ne semble pas amorcer une inflexion à la hauteur des enjeux exprimés dans le PPA.

 

  • Pour ce qui concerne l’ozone, les épisodes de concentration vont être plus fréquents et importants du fait de la contribution de la LiNEA à l’augmentation de la pollution atmosphérique et notamment des teneurs en NOx et HC (émises par la circulation automobile et notamment les moteurs diésels), qui sont les précurseurs de l’ozone.

 

  • Les projets d’aménagement, dits structurant, pouvant avoir une incidence sur la qualité de l’air auront une réelle influence sur la qualité de l’air. Le projet de rocade LiNEA et plus encore la RD4d  se surajouteront à celui de la rocade L2 quant au cumul des effets sanitaires.  

 

L'ARS (Agence régionale de la Santé) relève que : La dégradation de la qualité de l'air à proximité de la nouvelle voie n'est pas indiquée dans le résumé de l'étude d'impact. Page 314, il est noté que le projet a un «impact non significatif sur laqualité de l'air», cela est en contradiction avec la comparaison des scénarios à l'aide de l'Indice Pollution Population, et des concentrations qui montre une augmentation des concentrations de plus de 10% aux abords de la nouvelle voie.

Le coût et les effets sanitaires de la pollution de l'air

Mise en danger de la vie d'autrui et faute inexcusable !

 

 

Quelques documents récents, comme :

devrait interpeller les décideurs et les inciter à revoir leur estimations (circulaire datant de 2004) des coûts dans le projet LINEA.

 

Intitulé « Pollution de l’air, le coût de l’inaction », le rapport, voté à l’unanimité des 17 membres de la commission, presse le gouvernement d’agir. « La pollution n’est pas qu’une aberration sanitaire, c’est aussi une aberration économique » (101,3 milliards d'€ par an), soulignent les sénateurs, tout en rappelant que les particules fines et l’ozone, deux des principaux polluants atmosphériques, sont à l’origine de 42 000 à 45 000 décès prématurés par an en France. Bronchite chronique, asthme, cancer du poumon, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde… Si les nombreux maux provoqués par la pollution de l’air sont connus, le coût qui leur est associé (hospitalisation, indemnités journalières, pensions d’invalidité, absentéisme, perte de productivité, etc.) n’est pas « suffisamment appréhendé par les pouvoirs publics et les entreprises », constatent les sénateurs, qui ont auditionné une centaine de responsables d’administrations, économistes et acteurs, et analysé l’ensemble des études publiées sur la pollution.

 

 

Pollution et coeur

ESC 2015 : le plus grand congrès mondial de cardiologie a pour thème phare cette année  « Environnement et cœur ».

On le sait, la pollution de l’air représente une des principales causes évitables de mortalité. Et, si l’impact de cette dernière sur les poumons est bien connu, ses effets délétères sur le cœur sont moins étudiés. De nouveaux résultats dans ce domaine viennent d’être présentés à l’ESC.

Une étude belge met notamment clairement en évidence le lien entre taux de particules fines PM 2,5 et de dioxyde nitrique (NO2) et augmentation des risques d’infarctus du myocarde [...] Et ce, pour des seuils de pollution de l’air inférieurs aux normes de l’Union Européenne… (source: Journal International de Medecine)

Liens autres:

Les effets des particules fines sur la santé : AirPACA

La pollution atmosphérique liée à l’activité portuaire sur Marseille : APICE

Quels masques pour se protéger de la pollution atmosphérique ?

PREV'AIR

 

 

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